Les conseils régionaux : 35 ans et comment passer de 74 % de votants à … 34 %

denis bonzy
3 min readJul 26, 2021

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16 mars 1986, 20 régions métropolitaines élisent pour la première fois leurs conseillers régionaux au suffrage universel direct. Une campagne très dynamique. De nombreux débats. Des réunions publiques avec beaucoup de participants. Sur 36 millions d’électeurs alors inscrits, 28 millions d’entre eux se déplacent pour voter. 74, 83 % de participation. 35 ans plus tard, 34 % de participation en juin 2021. Que s’est-il passé entre ces deux dates ?

En 1986, jeune conseiller régional élu, j’appartiens comme beaucoup d’autres à la génération qui croit à la vitalité des territoires de proximité. La décentralisation de 1983 a réveillé des Communes. Celle de 1985 marqua le tour des Départements. Tout naturellement, en 1986, ce devait être au tour des Régions.

A l’été 1986, nous découvrons des budgets prêts pour des investissements forts puisque les budgets de fonctionnement sont faibles car peu de personnels à cette date. Donc une immense capacité à faire. Et à faire vite. Mais, à leur tour, les Régions comme les Communes, comme les Départements, vont voir le fonctionnement tout dévorer. Là où intervenaient quelques centaines de collaborateurs, ils sont maintenant plusieurs milliers. La loi NOTRe a créé des structures gigantesques sans cohérence territoriale historique dont le coût de fonctionnement est aujourd’hui à organisation unique plus élevé que les structures diversifiées d’hier.

Hier, avec des régions plus proches, personne ne se sentait pourtant “régional”. Aujourd’hui, avec des régions encore plus “lointaines”, ce sentiment est plus cassé que jamais. Les territoires sont méconnus comme le sont les compétences réelles à deux ou trois exceptions près dont l’action pour les lycées ou les TER.

A leur tour, les régions ont joué le rôle de supplétives des compétences d’Etat que ce dernier ne parvenait plus à assumer. Mais, même avec les transferts de compétences, chaque administration a grossi. Toujours davantage de fonctionnaires d’Etat comme de fonctionnaires territoriaux.

D’administrations de missions, les Régions sont ainsi progressivement devenues comme les autres : la gestion dont le fonctionnement courant absorbe une masse croissante des impôts levés auprès des citoyens.

Avec le recul, la décentralisation à la française c’est la recherche des supplétifs de l’Etat qui ont évité dans un premier temps des faillites notoires (collèges, routes, lycées, transports …) mais qui, à leur tour, ont pris les dysfonctionnements de l’Etat.

La crise de participation civique en juin 2021, c’est d’abord le reflet de cette crise systémique. Une résignation. Voire pour certains une défiance. Une crise d’autant plus grave que les malades semblent bien décidés à éviter les diagnostics donc à être aptes à se … soigner.

Dommage, la promesse de départ était belle. Il y a 35 ans !

Denis Bonzy

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denis bonzy

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